10.10.05

La plus belle de la soirée

First I was afraid...

2h00 du matin, open bar, l'alcool coule à flot.

La musique aussi, très forte, tendance revival eighties,

Les démons de minuit toujours un peu plus près des étoiles.

Sur la piste, une petite centaine de personnes.

Plus de garçons que de filles.

Ils ont en moyenne entre 22 et 28 ans.

Ils boivent, ils fument, ils dansent.

En couple, en groupe, seuls.

Moi aussi je bois et je danse.

Seul, en groupe ou en couple.

Je les regarde.

Les garçons.

Certains garçons.

Implicitement, un top 3 se met en place.

Lui, là bas, R., tee shirt et cheveux noirs, sourire écarlate, fraicheur juvénile.

Il bouge bien. Il est à croquer.

Il a 15 ans de moins que moi.

Il aime les filles.

Et lui, là, anonyme qui ne danse pas, hélas.

Grand, taciturne, souvent seul et silencieux.

Il est à tomber. Il est... mon number 1.

Isolé dans sa bulle, il ne sait même pas que j'existe.

L. lui ne danse pas.

Adorablement blond, gentiment exhubérant.

Il aime aussi les filles dit-on.

J'aurais pas cru. Tant pis.

Trop jeune de toutes façons.

3ème. Ex aequo avec R.

Et lui, là, C. dont j'ai fait connaissance ce matin.

Un charme moins évident, mais d'un attrait certain.

Il danse peu, pas très bien, discretement, l'oeil pétillant.

Je l'aime bien. Vraiment. Et, lui, peut-être que...

Allez, 2ème.

Et bien d'autres encore, tous, là qui dansent et s'amusent.

Je fais comme eux, avec E. M. N. F. et J.... mes amis.

Hors compétition ceux-là.

Je suis bien, je suis pété, désinhibé.

Je danse et matte. Je matte et danse.

Je m'amuse. Bien. Beaucoup. Sans arrière pensée.

Ils sont tous jeunes et séduisants.

Je suis avec eux, au milieu d'eux. Je me sens comme eux.

Je suis bien.

Et puis, détour par les toilettes. Fatal.

En me lavant les mains, je lève le regard.

Vers moi. Vers mon image. Vers mon reflet.

Vers ce reflet hideux dans ce miroir affreux.

Sous la lumière blafarde d'un affligeant néon, je redescends d'un coup.

Ces yeux rougis, injectés par l'alcool.

Ce teint blanchâtre, ce visage empaté.

Défait par la fatigue, marqué par les années.

Ce tee-shirt moulant 10 bons kilos de trop.

Affligeant. Ridicule. Déplacé.

Au secours !

Que fais-je ici, mon dieu ! Pourquoi suis-je donc venu ?

Ils sont tous jeunes, beaux, hétéro...

Rien à voir avec moi.

Amplifié par l'alcool, le coup de blues me guette.

Il me faut lutter contre.

J'y retourne derechef en passant par le bar.

Martini vodka. Double.

Je rejoins mes amis.

Y. M. C. A.

Je vois R. faire les gestes. le M. Félin.

Je croise le bleu regard plein de malice de L.

Et celui non moins bleu de C. qui pétille encore.

Number one n'est plus là.

Je ferme les yeux. Je danse. Me laisse aller.

Je fais tout pour ne pas avoir conscience de ce corps, mon corps.

De ces gestes. Mes gestes. Mes mouvements.

Je fuis l'odieux reflet, j'oublie l'image infâme.

Je m'idéalise.

Je suis à nouveau bien.

Je ne serai jamais la plus belle de la soirée.

Tant pis.

I will survive.

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