28.11.06

Seveur Vocal

Je suis au bureau.
Dans un open space.
Je pense soudain qu'il me faut interomppre mon abonnement téléphonique France Télécom avant la fin du mois.
Hors de question de payer un mois de plus ces foutus 15 euros.
Je compose le 1014.
- Bienvenue sur le serveur vocal de France Télécom. Pour commencer composer les dix chiffres du numéro de la ligne concernée par votre appel.
Je m'exécute.
- Nous allons transmettre votre appel à un opérateur. Afin de mieux vous orienter, prononcer naturellement l'objet de votre appel. Par exemple dites "J'appelle pour une création de ligne" ou encore "j'aimerais avoir des précisions sur ma facture". C'est à vous.
Afin de ne pas éveiller l'attention de mes collègues, je grommelle rapidement dand mon poing refermé sur le combiné : "interruption de ligne".
- Je n'ai pas bien compris ce que vous désirez. Recommencez.
Je m'exécute à nouveau, le plus discrètement possible "interruption d'abonnement".
- Désolé, mais je n'ai pas compris. Si vous souhaitez avoir des renseignements sur les offres Internets de France Télécom, merci de composer le 1013. Au revoir.
Je raccroche. Dépité.
Puis, mes collègues s'absentant pour une pause café, je recommence.
Cette fois-ci, seul dans le bureu, j'articule distinctement, façon Mireille Matthieu :"je souhaiterais arrêter ma ligne".
Même topo.
Je recommence.
"J'aimerais mettre fin à bon abonnement téléphonique"
Idem.
Grrrr
Je réessaye.
"Je voudrais avoir des renseignements pour une résiliation d'abonnement".
ça ne marche toujours pas.
La dernière fois, je capitule et je dis "création de ligne"
- Merci de patienter, nous vous orientons vers un agent commecial qui vous renseignera. Votre attente n'excédera pas 2 minutes.
Cinq minutes plus tard, une voix féminine humaine prend la relève de la voix artificielle qui me débitait des publicités jusque là.
- Bonjour. Je souhaiterais arréter mon abonnement téléphonique s'il vous plait.
- Quel est votre numéro de téléphone ?
Je le lui donne.
- Votre adresse s'il vous plait.
Je la lui donne.
- Puis-je vous demander pour quelle raison vous désirez mettre fin à votre abonnement ?
- Parce que j'ai changé d'opérateur.
- Très bien monsieur, je vous mets en relation avec notre service technique qui va prendre en charge votre demande. Au revoir.
Et là, immédiatement, autre serveur vocal :
"A cause d'un trop grand nombre d'appels, nous ne pouvons donner suite à votre demande. Merci de réessayer un peu plus tard"

14.11.06

Incident Voyageur

Un adepte des transports en commun comme je le suis est souvent soumis aux aléas du métro parisien et aux annonces sibyllines traitant soit de problème technique, soit de colis piégé soit encore du fameux "incident voyageur" qui est propice à toutes les divagations imaginatives, surtout les pires.
Or ce matin, j'ai assisté en direct à ce qui a dû être annoncé comme étant un incident voyageur afin d'expliquer dans les autres stations le retard de 10 minutes que subit la rame dans laquelle je suis monté à la station "Places des Fêtes".
Juste avant que j'arrive sur le quai, cinq contrôleurs devaient effectuer leur ingrate tâche consistant à cette heure de pointe à encaisser les réflexions des usagers maugréant contre le retard infligé par cet intempestif contrôle.
Sauf que si j'ai bien compris, une usagère n'avait pas montré son titre de transport (qu'elle n'avait sans doute pas ou qui n'était pas valide) et avait réussi malgré tout à passer le barrage en force et à courir jusqu'à la voiture centrale de la rame pour s'y engouffrer.
Je ne sais pas comment elle a fait vu son menu gabari opposé à celui nettement plus massif des cinq agents uniformisés, mais lorsque je débouchai à mon tour sur le quai, cédant à la coutume certes ridicule mais tellement répendue (pavlovienne sans doute) d'accélérer le pas dès que je vis la rame à quai pour être sûr d'y monter (dès fois qu'il n'y en eût plus par la suite, sait-on jamais !), je vis donc les cinq contrôleurs en demi cercle devant une porte de la rame et interpellant sans trop d'égards la passagère qui à l'intérieur s'était accroché à la barre.
Ils lui intimaient de descendre de la rame, ce qu'elle refusait obstinément de faire.
Ce qui devait arriver arriva et, après quelques avis violemment émis par un certain nombre des autres passagers (tous à l'encontre des représentants de la RATP), appel fut fait aux forces de l'ordre qui arrivèrent très promptement (je ne sais pas d'où ils venaient ni ce qu'ils pouvaient faire avant d'être appelés, mais ils se matérialisèrent avec une soudaineté inespérée). Leur uniforme fut plus efficace que celui des contrôleurs car dès leur apparition tout quolibet cessa et la passagère en faute descendit de la rame sans plus résister.
Et nous pûmes repartir, chacun retournant alors à son indifférence habituelle sauf la dame qui sur le quai resta, très entourée, et qui je pense n'allait pas retrouver sa quiétude très rapidement.
Durant les dix minutes où j'assistai à tout ceci, je me suis fait plusieurs réflexions.
Certes la dame était en faute et aurait probablement dû céder aux injonctions des agents mandattés là pour l'amender.
Mais durant tous le temps qu'ils passèrent à essayer en vain de la convaincre de descendre, combien d'autres fraudeurs pénétrèrent à leur tour dans la rame sans être inquiétés du tout ?
Cet acharnement, sans doute compréhensibe vu que c'est le pourquoi de leur emploi, devait-il aller jusque là ?
Aurait-il été le même, cet archarnement, si l'usager pris en faute avait été autre qu'une dame aussi chétive que rétive ?
L'intervention de la police est-elle justifiée pour ce genre d'incident alors qu'il y a tant à faire ailleurs ?
Et surtout, doit-on retarder et pénaliser (même si ici le préjudice n'est certes pas très important)250 passagers afin de faire cracher 16 euros à une fraudeuse ?
Je n'en sais rien, tout ce que je sais, c'est que cet incident a attristé le début de ma journée et j'étais à la fois peiné pour ces agents qui se faisaient insulter alors qu'ils faisaient finalement leur boulot (quel que soit le zèle dont ils faisaient preuve) et aussi pour cette petite dame qui se retrouvait soudain encerclée par les flics sur un quai de métro pour n'avoir pas acquitté l'euro réglementaire qu'exigeait sa présence en ces lieux.
Dorénavant, lorsqu'on invoquera un incident voyageur pour justifier un éventuel retard, j'éviterai d'évoquer de forts sanglantes visions de corps déchiquetés et j'essayerai plutôt de repenser à elle.

7.11.06

Amours passagères

Je m'assois dans le bus qui me mène au bureau.
En face de moi, une jolie blonde.
Elle me regarde avec insistance.
"Aimons nous" me lance ses beaux yeux bleus.
Mais moi je regarde le joli blond là-bas, plus loin dans l'allée.
"Touchons nous" lui suggérent mes yeux à moi.
Mais le joli blond lit son journal, indifférent.
Alors je reviens à mon polar de gare, désapointé.
Et la jolie blonde se remet à son sudoku, frustrée.
En descendant du bus, elle tentera un ultime chaloupement du bassin.
Mais mes yeux sont fixés sur la nuque de l'autre là-bas qui nous a devancé.
Ces histoires d'amours finissent mal.
En général.