17.10.08

Armide De Lully au Théâtre des Champs Elysées.


D'abord, l'un des éléments qui m'a fait prendre des places pour ce spectacle, c'était le fait que la chorégraphie était signée Jean-Claude Gallotta, dont je suis les créations depuis une bonne quinzaine d'années et dont j'apprécie toujours beaucoup le travail. Comme il n'est pas prévu que sa troupe présente une de ses pièces cette année à Paris, je me suis dit qu'il ne fallait pas louper cette prestation, d'autant que j'avais également adoré ce qu'il avait fait au Chatelet sur La Petite Renarde Rusée mise en scène par Hytner au milieu des années 90.Depuis quelques pièces, Gallotta a intégré à sa troupe (composés de jeunes danseurs professionnels - ceux-là même qu'on voit évouler dans la Galerie des Glaces durant le prologue) des danseurs non professionnels de tous ages, souhaitant ainsi confronter sa danse et sa syntaxe chorégraphiques à des corps non virtuoses, ce qui a donné des résultats assez efficaces et toujours très emouvants pour moi.On retrouve ce travail dans cette production d'Armide, puisque tous les intervenants, choristes et solistes compris, exécutent à un moment ou à un autre des mouvements et des déplacements chorégraphiés* sans jamais que cela paraisse déplacé ni ridicule, bien au contraire. C'est ce que j'ai préféré dans cette soirée, ce qui m'a le plus touché. L'intégration s'est d'ailleurs faite dans l'autre sens puisque les danseurs de sa troupe, parfaitement intégrés au choeurs, semblaient aussi chanter tandis que les choristes dansaient.

Ceci, ajouté à l'esthétique parfaite de la mise en scène de Carsen (costumes et lumières comprises) a permis la compositions de tableaux d'une beauté pour moi inoubliable.On retrouve en effet (et c'est ce qui lui est repproché je crois), les éléments habituels du travail de Carsen : deux couleurs (ici des rouges et des gris magnifiques), un lit, des changements de costumes à vue, des femmes nues et echevelées. Mais, à la différence de ce qu'il avait fait pour Alcina et qui gommait tout l'aspect féérique du livret, on baigne ici dans un univers fantasmagorique et chaleureux d'un bout à l'autre, ou presque.

Le prologue et l'acte IV sortent du lot car justement n'entrent pas dans cet esthétique. On est ici plus proche de Pelly (auquel on pense souvent) que de Carsen. Le fait que le prologue soit quasiment entièrement présenté sous forme de film (d'une très bonne qualité visuelle au demeurant) était un peu fatiguant, de par la longueur de la chose. Moi, ça m'a bien plus de voir ces danseurs que j'apprécie filmés en aussi gros plan, mais je comprends que ça puisse gaver, et surtout ça va à l'encontre de ma conception de l'art vivant. D'autant que tout aurait pu être fait pareillement en live sur scène, ce qui aurait été encore plus cohérent avec la toute dernière scène, du pur Pelly là encore (mais c'est tellement court, que ça passe).

L'acte IV est déjà probablement ce qu'il y a de plus faible aussi dans le livret. Il est parait-il souvent coupé et on le comprend, tant on n'y retrouve rien du reste de l'opera (aucun protagoniste ni aucune émotion). C'est en plus un acte répétitif : on y voit deux fois la même action. L'ensemble est assez efficace gràce au talent des deux interprètes masculins présents dans cet acte (Mauillon et Tortise). Dommage que les deux tentatrices (chantées de la coulisse par Isabelle Druet et Claire Debono) soient représentées sur scène par l'unique et même danseuse dénudée (ce qui explique la présence en avant scène d'un voile transparent em empechant une vision parfaite). Bref, ce ne fut pas mon passage préféré.

Pour le reste, les acte I et II furent visuellement de purs bonheurs, se répondant esthétiquement l'un à l'autre. Machard dans le monde cite American Beauty là où à mon avis Carsen et Gallotta ont voulu rendre un bel hommage à Pina Bausch dans une scène de l'endormissement touchant presque au sublime.

Après l'entre acte, la seconde partie fut probablement en peu en deça, mais l'intervention de la Haine et surtout son retrait donnent lieu à une scène d'une intensité rare. Le dernier acte offre aussi un passage qui mérite bien son nom, celui des Plaisirs, même si ceux-ci n'atteignent pas l'intensité de ce qui a précédé.

Il parait que les actes III et V ont été un peu traficotés voire coupés pour satisfaire aux désirs du metteur en scène. C'est sans doute dommage, mais ne le sachant pas sur le coup, ça ne m'a pas géné.

Côté interpètes, les femmes m'ont vraiment enthousiamé : D'Oustrac surtout campe une vamp forte et fragile à la fois à la présence et à la voix superbes. Druet et Debono, en comparses multi fonction, font aussi preuve d'un abattage certain et d'une belle santé vocale.

Les hommes m'ont moins emballé : Agnew, Berg et Naouri étaient très bien scéniquement mais leur emission m'a un peu géné à plusieurs reprise. Callahan n'apparait pour ainsi dire quasiment pas (2 minutes sur scène, à tout casser). Celui que j'ai préféré fut finalement l'amant fortuné de Dahlin au dernier acte.

Musicalement, ce n'est pas trop un style de musique qui me fait tripper (pas assez de cabalettes) et j'ai l'impression d'entendre toujours la même mélodie durant 2h30, mais la sonorité des instruments anciens et rares dont jouent les virtuoses des Arts Florissants dirigés du clavecin par William Christie est quand même quelque chose qui m'envoute très vite et ce fut le cas ici aussi.

Pareil pour le livret : l'intrigue est assez rudimentaire et ça n'avance pas vite. Mais la langue de Quinault est de toute beauté. Que ne sait-on parler pareillement ici !!!! Et comme la diction des interprètes est d'une nette perfection, le plaisir d'entendre ces vers fut aussi très grand.Très grosse ovation au final pour D'Oustrac, Christie et Carsen** (présent sur scène au final. Gallotta était hélas absent).



Bref. J'espère que ce spectacle sera repris lors d'une prochaine saison.J'ai hâte de le revoir.



* on est très loin ici des petites gestuelles à la Pelly, Sellars ou Marthaler (que j'aime bien par ailleurs et qui sont généralement très efficaces). Il s'agit de vrais mouvements chorégraphiques, pas très complexes, mais assez élaborés.

** je peux comprendre qu'on puisse ne pas adorer cette mise en scène, surtout parce que renouvelant peu les procédés habituels de Carsen (encore que... nous viendrait-il à l'idée de repprocher à Mozart de faire du Mozart ?), mais je ne vois vraiment pas ce qui pourrait y motiver la moindre huée !!!!

3 commentaires:

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