15.11.05

Objectif n° 2 : Se décrasser

Dimanche matin.

On est le 13 novembre.

Dans moins de 3 mois, le ski.

Si je veux avoir l'air de quelque chose sur les pistes, il faut que je songe à me bouger le cul.

Sans tarder.

Allez, hop, sitôt dit, sitôt parti.

Ou presque.

D'abord, la tenue.

Il fait très froid.

Alors en bas j'enfile un caleçon long puis mon pantalon de survêtement

et en haut, un tee-shirt à manches courtes, un autre à manches longues et mon sweat shirt à capuche.

Une paire de chaussettes.

Mes reebooks.

et hop, c'est parti.


Ha non ! mon lecteur MP3 !

Où est-il?

Il est là, avec le casque, mais les piles sont mortes.

La dernière fois que j'ai couru, il y a deux mois, j'ai écouté 5 mn de musique avant qu'il ne tombe en rade. Trop les boules.

Je trouve des piles neuves, j'enroule le casque autour des oreilles.

Comme à chaque fois je galère à mettre les lunettes par dessus, mais c'est bon, j'y arrive.

Je cache les diffférents fils dans mes différentes couches de tee-shirt pour pas être encombré.

Je noue même les deux fils de ma capuche pour pas les prendre dans le menton quand je coure.

Double noeud.

J'allume le lecteur MP3.

Bang Bang

La BO de Kill Bill : ça me va, ça va me donner la pêche.

Je sors de chez moi, je ferme la porte.


Les clés.... qu'en faire ?....

Je n'ai pas de poche qui ferme, je les garde à la main.

Il parait que ça évite les points de côtés.

(de courir avec un truc dans la main... pas forcément des clés !)

J'hésite : l'escalier ou l'ascenseur ?

J'appelle l'ascenseur.

The Grand Duel.

Je sors de l'immeuble et commence à trottiner.

Objectif : tenir au moins une demi-heure.


Bon, y'a le marché et les voitures en double file, je peux pas trottiner comme je veux.

Je m'arrète et me faufile comme je peux afin de traverser la route tranquillement.

Arrivé sur l'autre trottoir, je redemarre.

Putain, il caille un max.

J'essaie de mettre la capuche.

A cause du double noeud, j'ai du mal.

Je force. ça bloque au oreilles.

J'y arrive enfin, mais, hop, le casque s'arrache et les lunettes avec.

Flute et zut.

J'essaie de remettre tout comme il faut, mais je n'y arrive pas : la capuche est trop serrée.

Je m'arrète donc, m'énerve sur le double noeud, y arrive, retire la capuche, remet le casque; les lunettes, la capuche, le double noeud... c'est bon.

Je repars.

Twiste nerve. Bernard Herrman.

Direction, les Buttes Chaumont.


D'abord, le plus dur, ce sont les jambes.

J'ai l'impression qu'elles sont rouillées, ça craque de partout.

La droite surtout.

Un peu la cheville. Un peu le genou. Un peu la hanche.

Mais bon, au bout d'un moment, quand elles commencent à être bien échauffées, ça se calme.

Un long moment de bien être.

Je ventile bien, respire à fond, avec le ventre.

Le coeur ne bat pas trop vite.

Je ne suis pas trop essouflé.

Les jambes suivent.

Trop cool.

Je regarde ma montre.

Pffffff !

ça ne fait que 8 minutes que je suis parti !


Oublie la montre et concentre toi sur ta foulée.

Tu vas trop vite là.

C'est la musique qui t'entraine.

Ode to Oren Ishii.

Ralentis.

Pas grave si tu te fait doubler par tout le monde.

Vise l'endurance, pas la performance.

Et puis comme ça, de dos, tu peux mater tranquilou...

Qui les épaules, qui les jambes, qui les fesses...

Ralentis je te dis !!!!!!


Je regarde par terre, le bout de mes chaussures.

Je me concentre sur ma respiration.

Je veux vraiment y arriver.

Green Hornet.

Le genou droit me refait un peu mal.

J'ai le souffle plus court et j'essaie de ventiler mieux en repirant plus lentement,

en respirant à fond, en gonflant le ventre, bref, j'essaie de réguler.

Don't let me be misunderstood.


J'arrive devant la mairie du XIXème, je jette un coup d'oeil à la pendule.

20 mn.

Pas mal.

Je suis allé plus lentement que d'habitude, donc j'ai des chances de tenir un peu plus longtemps.

J'oblique vers le lac. Vais-je en faire deux fois le tour ?


ça y est, je sens que je suis arrivé au maximum.

Le coeur me resonne dans la tête.

J'ai du mal à respirer correctement

Les jambes sont super lourdes.

Je me demande comment elles font pour continuer à me porter.

J'insiste.

24mn, plus que 6, il faut que j'y arrive.

J'insiste encore.

Je force.

Mon cerveau demande plus, mais mon corps ne suit plus.

Il est à bout.

Mes jambes sont en béton.

Je m'arrête au début du second tour.


Tout tourne.

Ma vue se brouille.

Je respire difficilement.

J'ai l'impression que mon coeur va exploser dans ma gorge.

J'étouffe sous cette capuche, avec cette musique qui me hurle dans les oreilles.

Intense sensation de vertige et d'oppression.

Je lutte contre l'envie de m'écrouler sur l'herbe.

J'ai bien fait de m'arrêter.

Je ventile à nouveau.

Inspirer, expirer.

Je retire la capuche, j'arrache le casque.


Sensation de fraicheur.

De silence.

De nature.

Je me calme.

Je conrinue à marcher.

Direction la maison.


J'essaie de marcher assez vite.

Je reprends mon souffle petit à petit.

Je prends mon pouls.

Il se calme assez vite.

Je récupère.

Les jambes rechignent un peu plus.

Va falloir les habituer.


Je marche, là, tout en sueur, dans ce beau parc aux couleurs automnales.

Il fait frais, mais beau.

ça va mieux.


Il y a 10 ans je courais une heure sans problème.

Quand je me suis étonné des difficultés éprouvées 10ans plus tard, ma mère m'a dit :

"Il y a 10 ans, si tu avais courru avec un pack d'eau dans les bras, tu aurais couru une heure?"

"ben non.... je ne pense pas... quelle drôle d'idée !!!"

"tu aurais tenu combien de temps ?"

"ben, je sais pas... pas beaucoup je pense.. pourquoi ?"

"parce que les kilos que tu as pris en 10 ans sont a peu près équivalent au poids d'un pack d'eau, non ?"

ça calme.....


De retour à l'immeuble, je prends la décision qui tue :

Je monte par l'escalier.

18 étages.

297 marches.

Dès le 8ème, c'est à nouveau la tempète.

Les jambes n'en peuvent plus, le coeur proteste et le souffle se fait court.

encore 10, puis 9 (la moitié) puis 8, 7, 6.... on touche au but.

Au 18ème, je me traine comme une loque, une serpillère, jusqu'à la porte.

Je l'ouvre et me précipite à la fenètre pour respirer de l'air frais.

Gouluement.

Il me faut boire, vite.

Retirer mes fringues trempées... même le sweat shirt est humide..

Quelques étirements.

Puis, plus tard, une bonne douche.


Passage sur la balance.

Le pack d'eau perd plus d'une bouteille.

Satisfaisant.

Aujourd'hui, trois jours plus tard, je n'ai même pas de courbatures.


Vivement la prochaine fois.


Pack d'eau, j'aurai ta peau.

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