Samedi, je suis retourné chez le coiffeur.
Tout m'a paru plus moche du coup .
Le gérant (moche) m'a installé "au shampoing".
J'y suis resté un moment avant que que l'une des coiffeuses (toutes moches) présentes termine sont client et soit disponible pour moi...
Sur les quatre en lice, je n'en connaissais aucune et, comment dire.... ne savait pas trop laquelle espérer... ou redouter...
J'espérais toujours LE voir surgir de la coulisse.... en vain !
Finalement, une Cher anorexyque, trop longtemps restée sous sa lampe à UV et ayant trop longtemps mariné dans un estagnon de parfum bon marché, m'a demandé "quelqu'un vous coiffe ?"
Euh, là tout de suite, tel que vous me voyez, assis depuis 10 minutes sur ce fauteuil en vieux sky usé, non, là, visiblement personne ne me coiffe.....
"Non" répondis-je plus laconiquement.
"Je vais m'occuper de vous alors"
Ouais. trop super.
Elle me mit la serviette, me demanda de pencher la tête en arrière et commença à faire couler l'eau.
Froide l'eau.
Je le lui dis.
Elle passa un temps fou à régler plus chaud.
Sans résultat.
A ce moment, une de ses collègue vint dans le bac mitoyen pour nettoyer différents ustensiles.
Et comme on était tout au fond du salon, bien loin du gérant à l'entrée, elles commencèrent à papoter tout bas.
Moi avec l'eau qui coulait fort et froide dans les oreilles, je n'entendais que des bribes, mais bon, ça avait l'air sérieux : "...toujours comme ça ?..." "... 9h debout, sans pause....." "... combien de temps...." "... faut pas pousser quand même..." "...bla bla bla..."
Cher avait l'air inquiète.
Et a priori, elle ne pouvait pas faire deux choses à la fois, donc à chaque fois qu'elle parlait (et c'est elle qui menait la conversation), ses mains arrêtaient de bouger.
Je les sentais immobiles, posées sur mon cuir chevelu, en mode pause.
Le rinçage fut fait à l'eau bouillante, mais je ne dis rien.
Trop hâte que ça se termine.
Hop, on va vers les miroirs, où je ne mire pas grand chose car j'ôte mes lunettes.
J'ai horreur qu'un coiffeur me parle parce que sans mes lunettes je n'entends rien.
"Je vous les coupe comment ?"
"Courts. Surtout derrière et sur les côtés"
"Et dessus ?"
"Courts aussi, mais moins"
"Je peux le faire à la tondeuse alors ?"
"heu... oui, si vous voulez"
Bon sans lunettes, je n'entends rien mais en plus je ne peux pas voir l'évolution de ma coupe de cheveux. Je vois juste la quantité qui tombe autour de moi et ça me parait toujours énorme mais quand je remets les lunettes, je suis toujours déçu de voir qu'il en reste autant.
Mais là, je la devinais un peu gesticulant rapidement autour de moi et ça n'avait pas l'air d'être une fignoleuse.
Plutôt genre "à la truelle".
Mais bon. C'est son métier. J'ai confiance.
"Vous habitez dans le quartier ?"
Merde... une bavarde en plus. 10 contre 1 qu'elle me parle de mes prochaines vacances.
"oui"
"depuis longtemps ?"
"euh... oui.... 5 ans..."
"c'est sympa, hein? commerçant et tout. vous vous plaisez ?"
"oui oui"
"et vous venez souvent ici ?"
"ici ?"
"oui, dans ce salon..."
"euh, oui, depuis quelque temps déjà..."
"combien de temps?"
"je ne sais pas trop... six mois, un an peut-être...."
"ha, oui... et... ça va ?"
"euh.... globalement , oui,ça va pas mal"
"c'est jamais la même personne qui vous coiffe, si ?"
"c'est vrai que depuis quelques temps en effet, ça change à chaque fois (hélas !!!!)"
"ça tourne beaucoup hein ?"
"euh.... ha bon ? (ça veut dire quoi? qu'IL est définitivement parti....?)"
"les clients s'en plaignent pas mal a priori"
"euh.... ha bon ?"
"oui oui.... on aime bien retrouver les mêmes personnes. c'est important pour la confiance"
Alors là, j'hésite... abonder dans son sens, c'est reconnaitre implicitement que je prefererais être coiffé par quelqu'un d'autre (ce qui n'est pas faux, au vu, entre autre, du massacre auquel elle procède allegrement), mais ne pas abonder, c'est la contredire.... donc pas top non plus.... je rusai.
"bah, les hommes sont peut-être moins sensibles à ça que les femmes, non ?"
"je ne crois pas. quand on est habitué et content de la personne, on n'a pas envie que ça change tous les jours, non ?"
"pourquoi? ça ne fait combien de temps que vous êtes là ?"
"j'ai commencé mercredi. mais je ne sais pas si je vais rester"
Personnellement, je souhaite de tout mon coeur que non.
Quoi dire de plus ?
rien.
De toute façon c'est fini.
Je remets mes lunettes.
Je ne m'étais pas vu pareil depuis le service militaire.
"C'est assez court ?"
Je hausse les sourcils et commence à esquisser un sourire ironique, mais non, Cher ne rigole pas.
"C'est très bien comme ça."
hop, passage à la caisse.
Pas de pourboire.
21 euros.
C'est bien cher payé pour un si lourd moment.