17.1.06

L'année Mozart - II

En 1991, je m'étais donné comme objectif de voir sur scène tous les opéras "majeurs" de Mozart.... (Je rêvais alors de vivre à Nice, car L'opera de Nice avait programmé TOUS les opéras sur maître, du premier au dernier...)

L'Opera de Paris me permit d'en voir trois :
Le Nozze di Figaro en janvier à Bastille. C'était la première fois que j'y mettais les pieds. J'étais assis au deuxième rang d'orchestre de face et le spectacle y fut total. D'abord parce que la mise en scène de Strehler reste encore aujourd'hui (je l'ai revue l'an passée) inégalable. Ensuite parce que l'apparition au lever de rideau du deuxième acte de Renée Fleming en splendide comtesse est inoubliable (bien que du coup je loupais la distibution alternée dont Lucia Popp (qui devait disparaître quelques années plus tard sans que j'ai la chance de la voir) et La Bartoli (que je n'ai toujours pas vue non plus)). Enfin parce que cet opéra est à mes yeux le chef d'oeuvre absolu en matière de dramaturgie et de musique et que je peux le voir en boucle sans aucun ennui.
Idomeneo, en octobre, toujours à Bastille, dans une mise en scène assez moderne mais très respectueuse. C'est un opera dont je trouve la musique splendide, mais l'intrigue peu interessante et l'ensemble un peu long du coup.
Die Zauberflöte, en décembre, à Bastille encore, dans la mise en scène de Bob Wilson. Je goûte très peu l'esthétisme de cet homme là (qu'il est pourant de bon ton de porter aux nues) et en l'occurence il a ainsi fait de cette flûte quelque chose de très peu enchanteur à mes yeux. En plus Hans Peter Blochwitz qui constitue pour moi le Tamino idéal s'était fait porté pâle pour cette représentation qui m'a du coup beaucoup déçu.

Le Théâtre du Châtelet avait au départ co-produit l'intégrale de Gardiner et en 1991 c'était "Die Entfuhrung aus dem Serail" qui par chance y était donné. Cela m'a permis de le voir pour la seule et unique fois sur scène. Je ne garde pas beaucoup de souvenir de cette production sinon que l'entracte était bizarrement placée au milieu du deuxième acte juste après le "Martern" de Konstanze. Mais Gardiner semble coutumier de ce genre de bidouille dans ses représentations scéniques puisque quand j'ai vu Cosi l'année suivante, il avait transformé en duo les deux airs des deux soeurs dans le premier acte (Il est cependant regrettable que la rupture de cette co-production ait privé les parisiens (et donc moi du coup) d'un Don Giovanni et d'une Flûte qui auraient sans doute été plus dignes que ce que nous a fait l'opera de Paris pour ces deux oeuvres....)

Don Giovanni justement. Il n'avait pas été mis à l'affiche à Paris lors de ce bicentenaire et je suis donc allé à l'Opéra de Lille pour le voir sur scène. Là encore rien de mémorable dans cette production très colorée, sinon une replète Donna Anna qui semblait toute réjouie par les malheurs qui lui arrivaient. Dans une production honorable, pourquoi ne se souvient-on que de ce qui ne va pas ? Pourquoi n'ai-je encore jamais vu de production convaincante de cet opera qui en disque m'apporte tant de bonheur ? Pourquoi seule la mise en scène de Peter Sellar (tendance Harlem, piquouse d'héroïne et McDo) reste aujourd'hui dans ma mémoire comme réussie ?

Dans le nord toujours, j'ai eu la chance de découvrir un opéra que je n'avais alors jamais même écouté : "La Clemenza di Tito", soit le dernier opera composé par Mozart. La production de la Grande Ecurie et la Chambre du Roy à Tourcoing était magique. La distribution entrainée par Guillemette Laurens et Veronique Gens était parfaite. Et la mise en scène, sobre mais efficace. Quel plaisir de découvrir une oeuvre dans ces conditions. Quand je pense que Franck, qui avait eu la bonté de venir me chercher à la gare de Lille et de m'accompagner jusqu'au théâtre (pour revenir m'y chercher à la fin) n'avait pas voulu essayer d'avoir une place sous pretexte qu'il ne connaissait pas lui non plus cet opera alors qu'il y avait une place libre à côté de moi. Quel dommage que je ne l'y ait pas forcé !
Quelle tristesse aussi de savoir qu'après cela plus jamais je ne découvrirais un opera de Mozart...

Reste mon chouchou, mon opera pour île déserte, mon septième ciel lyrique à moi, à savoir Cosi Fan tutte. Ce n'est pas le plus compliqué à mettre en scène tellement l'argument est simple et les personnages peu nombreux. La musique y est splendide d'un bout à l'autre et devrait suffir à inspirer n'importe quel tâcheron.... Et bien, en l'occurence, j'ai probablement là assisté à la pire représentation d'un opera qu'il m'ait été donné de voir. Outre le fait que les airs étaient coupés et que les choeurs étaient, tenez-vous bien, en-re-gis-trés !!!!, je crois que le pire était la mise en scène : tout se passait dans un lit et les deux soeurs étaient en porte-jarretelle durant les trois heures que dura la représentation. Le tout n'était même pas drôle mais d'une vulgarité rarement vue... j'en frémis encore. bon, ok, je l'avais un peu cherché : cela avait lieu à la salle des fêtes de Colombe et était exécuté (jamais mot n'a ici été mieux à propos) par une troupe polonaise sans talent.... l'horreur !!!!!!

Mais le souvenir le plus fort que je garde cette année Mozart-là, je le dois à un petit spectacle de Claire Gibault qui avait eu la bonne idée (qualifié de "à peine digne d'un spectacle de patronnage" par Libé !) de réunir les airs de Zaïde et de "Der Schauspieldirektor" dans un montage scénique très distrayant et très réussi qui m'avait surtout permis de découvrir une dénommée Nathalie Dessay. Elle a fait du chemin depuis, mais restera pour moi celle qui, habillée d'une nuisette légère et clouée au mur par un projecteur de lumière blanche qui l'isolait de l'obscurité du reste de la scène, interprétait là un boulversant air de Mme Hertz qui m'avait profondément ému.
(Difficile ici de placer le mot Melopée ici tant la monotonie est étrangère aux Arie de Wolfgang)

9 commentaires:

Eric a dit…

Bon ca y est, tu as un commentaire
:o)

Anonyme a dit…

et même deux rétroliens par rapport à ton article ;o)

Eric a dit…

C'est quoi un retrolien, demande le simplet de service :-q

Anonyme a dit…

C'est un lien qui mène jusqu'à ce post, un "link to this post' en somme ;o)

Eric a dit…

Oh bah je me couchgerais moins bete ce soir ! Merci Khoyot !

khoyot a dit…

je suis oeuvre d'utilité publique ;o)

E. a dit…

BON C'EST TOUT CE QUE CA VOUS INSPIRE MES HISTOIRES D'OPERA ?????

Grrrmpfff !

khoyot a dit…

ah bon ? C'était du sérieux ? C'était pas juste pour pouvoir placer le terme mélopée ? Oups pardon, on va lire alors :o)

Plus sérieusement, cinéphile complet, mélomane averti, difficile d'y ajouter quelque chose

Eric a dit…

Si si ! Il y a encore plein de bonnes choses dans c''homme là !